Le tourisme à l’arrêt en Bretagne : "Ce qui va se passer cet été sera déterminant"

Parmi les secteurs économiques qui souffrent de la crise actuelle, celui du tourisme. En Bretagne, c’est l’un des secteurs clés. Si les professionnels se mobilisent pour déjà préparer l’après-coronavirus, les conséquences de l’épidémie s’annoncent sérieuses.


Dans la région, comme partout en France, hôtels, restaurants et campings  sont fermés jusqu’à nouvel ordre et pour les mois à venir, c’est l’incertitude la plus totale. En Bretagne, troisième région touristique de France, on compte près de 1000 hôtels de tourisme, 750 campings et près de 10 000 meublés, chambres d’hôtes, résidences de tourisme ou villages de vacances.

Le tourisme emploie près de 60 000 personnes, génère chaque année 7 millions d’euros et représente 8% du PIB breton (chiffres INSEE 2019 et Bretagne-économique). On comprend donc toute l’importance qu’il revêt pour la région.


Des mois catastrophiques pour les hôteliers-restaurateurs


Dans le Morbihan, le club Hôtelier Lorient Bretagne sud regroupe 80% des hôtels du secteur soit une vingtaine d’établissements. Des hôtels qui sont aujourd’hui fermés. "La première quinzaine de mars n’avait déjà pas été très bonne, explique Frédéric Avignon, son président. À cause des premiers cas de coronavirus dans le Morbihan, beaucoup de clients ne sont pas venus. Et mars avril, ce sont les mois les plus importants pour la clientèle d’affaires qui reste prépondérante. On avait déjà souffert des grèves de décembre."

Lui-même dirige un hôtel-restaurant en bord de mer et il a dû mettre ses 18 salariés au chômage technique : "On avait un bon bilan et on a des arguments auprès des banques. Mais il reste des questions en suspens comme la gestion des pertes d’exploitation. La pandémie est-elle une catastrophe naturelle ? Quelle sera l’attitude des assureurs ? C’est un vrai sujet."

La Fédération Nationale de l’Hôtellerie de plein air, dirigée par le Finistérien Nicolas Dayot, s’inquiète elle aussi de l’impact de la crise sur la fréquentation des campings. À quelle hauteur sera touché le printemps, l’été sera-t-il sauvé ? Comment gérer les personnels permanents, les saisonniers ? Faudra-t-il rembourser les séjours ou les reporter ? Seules certitudes, liées aux annonces du gouvernement : les professionnels vont pouvoir bénéficier des mesures de chômage et de chômage partiel. L’État a également dégagé un fond de solidarité pour les petits campings dont le chiffre d’affaires est inférieur à un million d’euros. Mais la FNHPA demande un report de 12 mois des échéances bancaires contre les six prévus aujourd’hui avec des rééchelonnements complets de dettes. Elle souhaite aussi un moratoire sur les taxes de séjour forfaitaires. 


Le soutien de la Région


Pour Anne Gallo, vice-présidente de la Région Bretagne, chargée du tourisme, les professionnels travaillent déjà sur des scénarios futurs pour aider au mieux le secteur, accompagnés par la Région. "Il y aura un plan de relance. Nous soutiendrons les professionnels avec des prêts rebonds, des aides de trésorerie. Mais il faut que les Français prennent conscience qu’il doivent passer leurs prochaines vacances en France."

Même son de cloche du côté des hôteliers-restaurateurs. À Lorient, ils ne travailleront pas en avril et ils ont d’ores et déjà enregistré des annulations pour mai et juin. "Lorsque l’activité repartira, il nous faudra 15 jours à trois semaines pour nous relancer, confie Frédéric Avignon. En plus, les clients d’affaire vont avoir pris l’habitude du télétravail et risquent de moins se déplacer. Il faut qu’on mette en avant nos atouts : l’hygiène par exemple qui sera un argument face à Air B&B."


La solidarité malgré tout, les acteurs du tourisme aident les soignants


Pourtant nombre de professionnels ont voulu eux aussi apporter leur soutien dans cette crise que traverse le pays. "Tout est à l’arrêt et le tourisme souffre mais beaucoup de professionnels restent mobilisés, explique Anne Gallo. Certains  hôteliers proposent des hébergements au personnel soignant ou aux routiers, des restaurateurs offrent des repas à emporter ou en amènent dans les hôpitaux."


"Ce qui va se passer cet été sera déterminant"         


Dur aussi pour certaines start-up spécialisées dans le tourisme en ligne. C’est le cas de Click and Boat, qui propose de la location de bateaux entre particuliers dans le monde entier. Pour Edouard Gorioux, son cofondateur breton, "plusieurs centaines de bateaux étaient réservés rien qu’en France pour le mois d’avril. On a proposé des reports à nos clients pour la période 15 mars-30 avril, ce qui convenait à tout le monde et pour mai, on est en stand-by. Heureusement, l’essentiel des locations se fait l’été et pour l’instant, on espère que la période de confinement sera terminée. On pense même rebondir car les gens auront besoin d’un bon bol d’air et le bateau, c’est l’idéal. 50% des réservations sont des sorties à la journée qui se font au dernier moment, donc on est confiant."

La centaine de salariés qu’emploie la start-up sur quatre sites dont Lorient est majoritairement  au télétravail. Seul 25% des salariés ont été mis en chômage partiel. "Mais on prévoyait une croissance de 50% cette année", précise Edouard Gorioux. "Nous allons devoir modifier nos plans de croissance même si pour l’instant, l’entreprise n’est pas en danger. Mais ce qui va se passer cet été sera déterminant."


 
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